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Bien-être animal

Centre national de référence pour le bien-être animal

Demande de la DGAL : 14/09/2020
Note émise par le CNR BEA le : 23/11/2021
Demande initiale de la DGAL : Définir un délai de repos minimum pour les carnivores domestiques entre
deux manifestations type exposition-ventes.
Demande reformulée par le CNR BEA : Après avoir étudié la bibliographie existante et échangé avec des
experts du domaine, le CNR BEA a proposé de faire évoluer la sollicitation vers un travail permettant un
premier état des lieux du bien-être des carnivores domestiques lors d’évènements de rassemblements
(expositions, concours, salons, ventes) en France, hors contexte sanitaire dû à la Covid-19.
Cette expertise vise à :
• Caractériser les différents types d’évènements, les acteurs et leurs motivations à participer aux
évènements ;
• Recenser les facteurs pouvant impacter le bien-être des carnivores domestiques autour de ces
évènements, et les moyens mis en œuvre pour respecter le bien-être animal au cours des évènements ;
• Proposer des perspectives sur des « points de vigilance » à prendre en compte pour limiter les
conséquences négatives des évènements sur le bien-être des carnivores domestiques.
Documents de référence :
Textes réglementaires :
• Arrêté du 25 octobre 1982 relatif à l’élevage, à la garde et à la détention des animaux – Annexe II :
Chapitre Ier et Chapitre II. Article Annexe II – Arrêté du 25 octobre 1982 relatif à l’élevage, à la garde
et à la détention des animaux – Légifrance (legifrance.gouv.fr)
• Arrêté du 3 avril 2014 fixant les règles sanitaires et de protection animale auxquelles doivent satisfaire
les activités liées aux animaux de compagnie d’espèces domestiques relevant du IV de l’article L. 214-
6 du code rural et de la pêche maritime. Arrêté du 3 avril 2014 fixant les règles sanitaires et de
protection animale auxquelles doivent satisfaire les activités liées aux animaux de compagnie
d’espèces domestiques relevant des articles L. 214-6-1, L. 214-6-2 et L. 214-6-3 du code rural et de la
pêche maritime – Légifrance (legifrance.gouv.fr)
• Code rural et de la pêche maritime – Partie législative : Livre II, Titre Ier, Chapitre IV, Section 2 sur
les dispositions relatives aux animaux de compagnie. Section 2 : Dispositions relatives aux animaux
de compagnie (Articles L214-6 à L214-8-1) – Légifrance (legifrance.gouv.fr)
• Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie du 13 novembre 1987.
Littérature scientifique :
• BARNARD S., PEDERNERA C., VELARDE A. et DALLA VILLA P. (2014) Welfare Assessment
Protocol for Shelter Dogs. Istituto Zooprofilattico Sperimentale dell’Abruzzo e del Molise G.
Caporale. ISBN 978889086916
2
• FONTBONNE A. (2000) Etude sanitaire de l’élevage canin et félin et contrôle de socialisation du
chien. Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon, Ministère de l’Agriculture et de la Pêche.
• GEIGER F. et NAU M. (2015) Le rôle de l’État dans l’encadrement de la génétique des carnivores
domestiques : propositions d’évolution. Ministère de l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt.
Rapport n°13093-2
• Commission Européenne (2016) Eurobaromètre Spécial 442 – Novembre – Décembre 2015 :
« Attitudes des Européens à l’égard du bien-être animal » Résumé. ISBN 978-92-79-57118-3. doi :
10.2875/97120
Règlements du LOOF et de la SCC :
• Livre Officiel des Origines Félines (2021) Règlement des expositions LOOF.
• Société Centrale Canine (2019) Règlement des expositions canines – Mis à jour le 7 avril 2020.
Avis du CNR BEA – résumé du rapport complet « Expertise sur le bien-être des carnivores domestiques
(chiens et chats) en contexte d’évènements »
Le travail réalisé a été divisé en 3 étapes :
1. Synthèse des données bibliographiques connues pour définir le contexte populationnel et réglementaire
des carnivores domestiques en France, et caractériser les différents types d’évènements ;
2. Entretien des différents acteurs (DDPP, vétérinaires sanitaires, éleveurs canins et félins, associations
organisatrices) pour caractériser plus précisément les évènements, et identifier des facteurs pouvant
porter atteinte au bien-être des chiens et des chats au cours des évènements ;
3. Mise en place d’une enquête en ligne pour caractériser les différents acteurs et pratiques liés à la
participation des éleveurs-exposants aux évènements, et préciser les facteurs pouvant porter atteinte
au bien-être des carnivores domestiques.
Le recensement des données bibliographiques pour la première étape s’est déroulé entre Janvier et Février
2021. Les documents retenus pour la rédaction du rapport sont indiqués dans la partie « Documents de
référence ».
La seconde étape a été réalisée entre Janvier et Mai 2021. Les services santé, protection animales et
environnement (SPAE) de neuf départements (Isère, Hauts-de-Seine, Allier, Nord, Gard, Val-d’Oise,
Yvelines, Haut Rhin, et Moselle) ont été interviewés, ainsi que la Brigade nationale d’enquêtes vétérinaires et
phytosanitaires, au sujet des problématiques rencontrées pouvant porter atteinte au bien-être animal lors des
évènements de carnivores domestiques.
Pour la troisième étape, trois questionnaires comprenant 35 à 60 questions ont été réalisés, avec l’aide de
la Société Centrale Canine (SCC) et du Livre Officiel des Origines Félines (LOOF), afin de rassembler les
points de vue de vétérinaires sanitaires et d’éleveurs-exposants canins et félins sur leurs participations aux
évènements de carnivores domestiques (intérêts, expériences, moyens, …) et dans le but d’identifier des axes
d’amélioration du bien-être des chiens et des chats au cours de ces évènements. Les questionnaires ont été
diffusés en ligne sur la période Mars – Avril 2021. Les principaux résultats sont décrits ci-dessous.
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1. Caractérisation de la population étudiée :
D’après les données disponibles dans la bibliographie, la population de carnivores domestiques en France
en 2020 est estimée à 7,5 millions de chiens et 15,1 millions de chats, dont 30% de chien de race avec un
certificat de pedigree (dont moins de 10% de chiens « LOF » confirmés1
) et moins de 5% de chats de race. La
SCC et le LOOF rapportent respectivement plus de 200 000 et plus de 50 000 nouveaux enregistrements de
pedigrees par an (inscriptions aux livres des origines). Il existe seulement des estimations du taux de
renouvellement annuel global (nombre de naissances de chiots et de chatons par an en France). Le nombre de
naissances annuelles de chiots est estimé à plus de 70% d’origine non LOF et de provenance incertaine
(possibles importations depuis l’étranger). La majorité des éleveurs sont qualifiés de « familiaux », possédant
moins de 10 chiens sevrés simultanément, ou moins de 3 chattes reproductrices, et produisant moins de 5
portées par an.
2. Caractérisation des évènements :
Est appelé « évènement » dans le contexte de ce travail, tout rassemblement de carnivores domestiques
appartenant à des personnes physiques ou morales, organisé de façon exceptionnelle ou habituelle, dans un
but sportif, zootechnique, commercial, informatif ou touristique : soit tout concours, épreuve, exposition,
salon, foire ou vente d’animaux. Seuls les évènements de rassemblement de carnivores domestiques ayant lieu
en France, hors contexte sanitaire dû à la Covid-19, et nécessitant une déclaration auprès des DDPP et la
désignation d’un vétérinaire sanitaire référant sont inclus dans l’étude. C’est-à-dire tout évènement requérant
la réservation d’un lieu et se déroulant en présence d’un public.
Les départements interrogés relèvent entre 15 et 70 évènements de carnivores domestiques organisés par
an (représentant la majorité des évènements de rassemblement d’animaux déclarés), pour une moyenne de 2
à 5 par mois, et dont environ un sur deux à but lucratif, avec présence de chiots ou de chatons pour la vente.
Ces évènements rassemblent de plusieurs dizaines à plusieurs milliers de chiens ou de chats différents et
sont souvent organisés sur deux jours les week-ends.
Hors salons-ventes de chiots, les évènements canins sont principalement des concours de conformité au
standard de race (488 organisés et plus de 150 000 inscriptions de chiens en France en 2019) ou de disciplines
sportives ou de dressage (2 859 organisés en plus de 75 000 inscriptions de chiens en France en 2019 ; source :
SCC).
Les évènements félins sont principalement des concours de beauté (69 organisés et plus de 24 000
inscriptions de chats en France en 2019 ; source : LOOF).
3. Caractérisation des acteurs :
Les nombres de réponses collectées en un mois et demi d’enquête en ligne sont les suivants :
• 42 réponses de vétérinaires sanitaires, répartis sur 25 départements et 10 régions métropolitaines, dont
29 ont été désignés sur des évènements de rassemblement de carnivores domestiques en France entre
2015 et 2020 ;
• 166 réponses d’éleveurs-exposants canins, répartis sur 75 départements, dont 161 ont participé à des
évènements de rassemblement de chiens en France entre 2015 et 2020 ;
• 303 réponses d’éleveurs-exposants félins, répartis sur 76 départements, dont 236 ont participé à des
évènements de rassemblement de chats en France entre 2015 et 2020 ;
1 Inscription définitive au Livre Généalogique.
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Les vétérinaires sanitaires répondants, dont un peu moins d’un quart sont eux-mêmes éleveurs de
carnivores domestiques, participent à des évènements 10 fois par an ou moins, principalement des évènements
canins, et comprenant en majorité moins de 100 animaux. La quasi-totalité d’entre eux considèrent ne pas être
seulement responsables du contrôle de l’état sanitaire des animaux, mais aussi de leur bien-être.
La majorité des éleveurs-exposants répondants ont affirmé que l’élevage de chats ou de chiens n’est pas
leur activité professionnelle principale, qu’ils élèvent une seule race LOF, possèdent moins de 7 femelles
reproductrices et produisent moins de 2 portées par an.
La majorité des éleveurs-exposants canins répondants ne participent pas à des salons-ventes de chiots,
mais principalement à des concours de conformité au standard (voire à des épreuves sportives ou de dressage),
à une fréquence moyenne d’une fois tous les deux mois ou moins.
La majorité des éleveurs-exposants félins répondants participent à des concours de beauté, avec ou sans
ventes de chatons, à une fréquence moyenne d’une fois tous les deux mois ou moins.
La très grande majorité (plus de 92%) des répondants considèrent qu’il est « très important » d’assurer le
bien-être des chiens et des chats lors des évènements. De plus, 28,6% des éleveurs-exposants canins et 47%
des éleveurs-exposants félins répondants seraient prêts à payer plus pour s’inscrire à des évènements dont
l’organisation et les services seraient plus respectueux du bien-être des animaux.
4. Identification des facteurs pouvant impacter le bien-être des animaux :
En s’appuyant sur les éléments évoqués de façon consensuelle entre les différents acteurs répondants, les
aspects suivants – en lien avec les évènements – ont été identifiés par le CNR BEA comme pouvant
potentiellement impacter négativement le bien-être animal :
1) De façon directe :
• Les conditions d’organisation des évènements. L’ensemble des acteurs répondants s’accordent à
penser que le bien-être des animaux peut être altéré par les conditions d’organisation de l’évènement.
En effet, la majorité des éleveurs-exposants canins comme félins répondants ont indiqué que certaines
conditions d’organisation d’évènements ne permettaient pas de garantir la satisfaction des besoins
physiologiques ou comportementaux de chaque individu. Au vu des réponses aux questionnaires et
des entretiens, le CNR BEA recommande une vigilance particulière pour les aspects suivants :
– Maintien de la propreté des locaux ;
– Limitation des contacts entre le public et les animaux exposés ;
– Limitation du niveau sonore ;
– Ventilation/aération suffisante en intérieur ;
– Abris tempérés (ex : salle chauffée ou climatisée, parkings et rings ombragés etc.) ;
– Limitation du temps passé sur la table de toilettage ;
– Présence de nourriture en quantité suffisante et d’eau à volonté ;
– Présence d’un bac à litière pour les chats ;
– Possibilité de sorties pour les chiens ;
– Possibilité pour les animaux de s’isoler d’eux-mêmes du public dans leurs logements d’exposition.
Au-delà de l’organisation spécifique à chaque évènement, les répondants estiment que, lors d’un
évènement et en comparaison avec les habitudes, les contacts, le bruit et l’agitation ambiante
augmentent, et qu’au contraire le temps de repos, de sortie et de jeu, ainsi que le confort du logement
diminuent. Les éleveurs-exposants admettent également pour la plupart les aspects stressants et
fatigants de la participation aux évènements pour leurs animaux.
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• Les pratiques des exposants. Les exposants, indépendamment des conditions d’organisation, peuvent
impacter directement le bien-être de leurs animaux, d’autant plus lorsque les animaux emmenés en
évènements ne sont pas adaptés à ce type d’environnement (ex : animaux craintifs, sensibles au
changement d’environnement, etc.) et lorsque les exposants ne sont pas sensibilisés aux signaux de
mal-être chez ces espèces. En particulier, certains exposants canins et félins ne restent pas avec leurs
animaux la nuit entre deux jours d’évènement. Certains animaux restent alors seuls la nuit sur le lieu
de l’évènement ou dans le moyen de transport utilisé par l’exposant. Cette pratique est la cause
potentielle d’un stress psychologique pour les animaux, lié au changement d’habitudes et
d’environnement. De plus, elle peut également être source de stress thermique en cas de fortes chaleurs
ou au contraire de températures très basses.
2) De façon indirecte :
• La présence irrégulière du vétérinaire sanitaire sur le site des évènements. Les réponses aux
questionnaires montrent que le vétérinaire sanitaire doit souvent contrôler seul plusieurs dizaines à
plusieurs centaines d’animaux sur une plage horaire restreinte, principalement lors de l’entrée des
animaux, en priorité le contrôle du numéro d’identification et du carnet de vaccination. De plus, il
arrive que le vétérinaire ne se déplace pas systématiquement sur le lieu de l’évènement, mais seulement
s’il est sollicité. En conséquence, l’état de bien-être et de santé des animaux entrant (ainsi qu’au cours
de l’évènement) n’est pas toujours contrôlé et de fait, il est possible que certains animaux participant
aux évènements soient malades ou parasités. Le bien-être d’autres animaux participants et sains à leur
arrivée peut alors être altéré via la transmission de maladies ou de parasites. En effet, certains éleveursexposants canins et félins, bien que minoritaires, rapportent des problèmes de santé chez leurs animaux
au retour des évènements.
• Le manque de contrôles. Près de la moitié des vétérinaires répondants estiment qu’ils ne disposent ni
du temps et ni des moyens nécessaires pour contrôler le bien-être des animaux. Ceci est confirmé par
les DDPP auditionnées qui précisent que, du fait du grand nombre d’évènements organisés par mois
ou par an, et de leur déroulement généralement sur les jours de week-end, il leur est techniquement
impossible d’assurer la présence d’un de leurs agents sur le terrain pour contrôler les conditions de
chaque évènement. Ainsi, les services se reposent principalement sur l’avis des vétérinaires sanitaires
déclarés pour juger de la nécessité de se rendre sur place pour contrôler un évènement, ou interviennent
en réponse d’une plainte de tout autre acteur sensibilisé (visiteurs ou propriétaires de carnivores
domestiques, associations organisatrices de l’évènement, etc.).
De plus, les conditions de transport des animaux à leur arrivée ne sont que très rarement contrôlées.
Or, le transport est une étape obligatoire pour la participation aux évènements. S’il est effectué dans
de mauvaises conditions ou avec des animaux supportant mal le transport, il peut fortement altérer le
bien-être des animaux, d’autant plus lorsque les distances parcourues sont importantes.
De même, l’installation des stands des exposants et des conditions d’exposition des animaux ne sont
que rarement inspectées, laissant aux participants et aux organisateurs la responsabilité de garantir le
bien-être des animaux présents.
De manière générale, le manque de contrôle peut impacter indirectement le bien-être des animaux
participant aux évènements, en impliquant un manque de sanction et/ou de sensibilisation en cas de
mauvaises pratiques, et permettant ainsi la potentielle pérennisation de ces mauvaises pratiques.
• Le manque de mesures prises en cas de non-respect de la réglementation en termes de bien-être animal
au cours des évènements. En plus du manque de contrôle lors des évènements, certains vétérinaires
sanitaires répondants décrivent un manque de mesures prises en cas de non-respect de la
règlementation ainsi qu’un manque de remontée de l’information aux DDPP. En effet, 64% des
vétérinaires répondants déclarent rédiger un rapport à leur DDPP de manière systématique. De plus,
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les DDPP rapportent que les rapports sanitaires des vétérinaires au retour des évènements sur les
différents critères d’exposition (aspects sanitaires mais aussi bien-être des animaux) sont souvent peu
renseignés ou détaillés, lorsque ceux-ci sont transmis.
5. Identification des moyens mis en œuvre pour respecter le bien-être animal au cours des
évènements :
De manière générale, tous les acteurs interrogés (DDPP, Brigade d’enquête, éleveurs-exposants et
vétérinaires) s’accordent à penser que les éleveurs-exposants se sentent concernés par le bien-être de leurs
animaux. Cette considération se traduit par diverses pratiques mises en place, visant à améliorer le bien-être
des animaux participants :
• L’utilisation d’équipements spécifiques : une grande majorité des éleveurs-exposants répondants
utilisent leurs propres logements d’expositions (cages ou parcs) lors d’un évènement, en prenant en
compte le confort et les besoins physiologiques et comportementaux de leurs animaux pour le choix
et l’entretien journalier de ces équipements (surface de repos, bac à litière nettoyé régulièrement pour
les chats, possibilité d’isolement, possibilité de jeu, maintien des habitudes alimentaires et en eau).
• Le temps de repos entre deux participations : plus des deux tiers des éleveurs-exposants prévoient un
temps de repos pour leurs animaux entre deux participations à des évènements. Lorsque c’est le cas,
la durée médiane de ce repos est d’une semaine pour les chiens et de deux semaines pour les chats. Ce
temps de repos médian est néanmoins à nuancer car le caractère saisonnier de certains évènements
rend cette période de repos très variable en fonction de la période de l’année à laquelle un évènement
à lieu. Ce repos entre deux participations à un évènement pour un même animal est nécessaire pour
permettre une meilleure prise en compte de leur équilibre physique et mental.
• Le choix des animaux participants : la quasi-totalité des éleveurs-exposants répondants estiment qu’il
est important de sélectionner les animaux participant aux évènements sur leur tempérament et des
critères comportementaux, au même titre que leur santé. Une telle sélection sur le comportement peut
permettre de limiter le stress subi par les animaux dès lors qu’ils sont moins sensibles au bruit, à
l’agitation, à la présence de congénères etc.
• Un entraînement spécifique des animaux : la majorité des éleveurs-exposants mettent en place un
entraînement spécifique2 pour préparer leurs animaux en amont de leur participation aux évènements.
De la même façon que pour la sélection, la préparation des animaux en amont peut permettre de limiter
le potentiel impact négatif des évènements sur le bien-être des animaux.
• Arrêt de la participation : la quasi-totalité des éleveurs-exposants considèrent qu’il est important de
prendre en compte l’apparition de signes de stress ou de troubles comportementaux dans la décision
de l’arrêt de la participation des animaux, au même titre que des problèmes de santé.
2 L’entraînement spécifique se réfère notamment à de l’éducation, du dressage, ou une préparation physique pour les
chiens et à de l’éducation, de la sociabilisation, de l’habituation, et des manipulations pour les chats. Le CNR BEA
précise que seuls les entrainements ayant pour but de favoriser le bien-être des animaux au cours des évènements sont
considérés dans ce paragraphe et en aucun cas ne sont incluses les pratiques d’entrainement visant à améliorer les
performances de l’animal au détriment de son bien-être.
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6. Perspectives sur des « points de vigilance » à prendre en compte pour limiter les conséquences
négatives de la participation des animaux aux événements sur leur bien-être :
Au vu des points de vigilance décrits en partie 5, le CNR BEA propose les pistes d’amélioration suivantes
pour une meilleure prise en compte du bien-être animal :
• Le développement de formations ou modules spécifiques (obligatoire ou optionnel) consacrés au bienêtre animal en situation d’évènement (expositions, foires, salons, concours, épreuves, ventes) pour
permettre aux acteurs concernés d’adopter systématiquement les bonnes pratiques : ces formations
pourraient contenir des informations/rappels en termes de transport, de logement, d’alimentation et
d’abreuvement, de signes comportementaux, de quarantaine et de repos, propre à chaque espèce. Ceci
pourrait faciliter la détection des signes comportementaux des carnivores domestiques en évènements
et ainsi adapter au mieux le choix des animaux participants, et/ou réagir plus rapidement pour pallier
un mal-être chez l’animal le cas échéant. Ces formations pourraient être proposées d’une part pour les
vétérinaires sanitaires (en complément de leur formation sur les aspects sanitaires et zootechniques en
élevage) et d’autre part pour les exposants (un module/option de formation pourrait être ajouté au
programme de l’attestation de connaissances pour les animaux de compagnie d’espèces domestiques
(ACACED)).
• L’élaboration d’un outil d’évaluation du bien-être en contexte d’évènements à l’échelle de l’individu :
à l’instar de la formation évoquée précédemment, un tel outil pourrait permettre aux différents acteurs
des évènements d’autoévaluer leurs pratiques et de favoriser ainsi la prise en compte systématique du
bien-être animal lors des évènements. De tels outils ont notamment été élaborés pour évaluer le bienêtre des chiens en refuges (« Shelter Quality » de Barnard et al. 20143
), et pourraient être adaptés aux
évènements de carnivores domestiques.
• La désignation d’un référent bien-être animal lors de chaque évènement par l’organisateur, en plus du
vétérinaire sanitaire référent, et en soutien de celui-ci. Ce référent BEA serait préalablement formé au
bien-être animal. Il serait responsable de la sensibilisation des participants au bien-être des animaux et
à la réglementation ; il pourrait également être responsable du contrôle en termes de bien-être des
chiens et des chats. Cette proposition est soutenue par la majorité des vétérinaires répondants, qui
seraient favorables à la présence d’un second responsable du bien-être animal pour les aider au cours
des évènements, au vu de la difficulté de la tâche.
• La mise en place d’une plateforme numérique de veille pour pallier le manque de contrôle et de
remontée de l’information : une telle cellule de veille facile d’accès et d’utilisation (par exemple :
application mobile en lien avec la plateforme avec un questionnaire court), serait mise en place en
complément ou remplacement du rapport sanitaire numérique ou papier envoyé aux DDPP. Cette base
de données pourrait recenser en détails l’ensemble des retours, bons et mauvais (tels les signalements
de manquements à la réglementation), des vétérinaires en termes de bien-être animal au cours des
évènements et permettrait la remontée systématique des rapports sanitaires auprès des instances
gouvernementales. Le traitement de ces données permettrait d’identifier de manière plus précise les
éléments négatifs et positifs de l’organisation des évènements au niveau national, et d’en informer ou
de notifier les instances responsables.
3 BARNARD S., PEDERNERA C., VELARDE A. et DALLA VILLA P. (2014) Welfare Assessment Protocol for Shelter Dogs.
Istituto Zooprofilattico Sperimentale dell’Abruzzo e del Molise G. Caporale. ISBN 9788890869167 (shelterquality@izs.it)
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7. Conclusion :
Le CNR BEA rappelle que ce travail constitue une étude préliminaire, dont les conclusions découlent de
l’analyse des réponses aux questionnaires données par un faible nombre de répondants, en comparaison à la
population estimée des acteurs au niveau national, et en l’absence de réalisation d’observations sur le terrain
due au faible nombre d’évènements organisés depuis deux ans en raison du contexte sanitaire.
De manière générale, la liste des points de vigilance mis en évidence dans ce rapport n’est certainement
pas exhaustive, certains aspects des évènements n’ayant pas été abordés au vu de la complexité du sujet et du
temps restreint de l’étude. Elle constitue néanmoins une première base à laquelle les différents acteurs
concernés par l’organisation d’évènements de rassemblement de carnivores domestiques devraient porter une
attention particulière. Pour compléter et affiner ce travail, plusieurs suites pourraient être envisagées :
– Il semblerait pertinent d’interroger d’autres acteurs impliqués dans ces évènements tels que les
handlers professionnels, les juges des concours de beauté et de conformité au standard, les
organisateurs d’évènements de rassemblement (associations, clubs de race, privés etc.), voire les
visiteurs pour compléter les données relatives à la prise en compte du bien-être animal en
évènements de carnivores domestiques ;
– Une étude similaire à celle-ci dédiée aux salons-ventes de carnivores domestiques devrait être
réalisée, ces derniers n’ayant pas pu être pleinement étudiés dans ce rapport, faute d’informations
disponibles et de possibilité de déplacement sur le terrain ;
– Pour compléter l’enquête, il est nécessaire de conduire une étude avec des observations de terrain
pour pouvoir évaluer de manière objective l’état de bien-être des carnivores domestiques au cours
des évènements en lien avec les conditions d’organisation ou avec les pratiques des éleveursexposants ;
– Une évaluation de risque pourrait être réalisée pour déterminer si chacun des points de vigilance
décrits dans ce rapport est un facteur de risque pour le bien être de ces animaux, et quantifier les
risques associés ;
– Enfin, le CNR BEA souhaiterait que la démarche employée dans ce travail puisse inspirer des
études similaires chez d’autres espèces domestiques concernées par les évènements (tels les
chevaux, les animaux de rente, les NAC etc.) pour lesquels des questions similaires relatives au
bien-être animal doivent se poser.